Anne-Laure de Chillaz
Scie à la main, casque antibruit sur les oreilles, masque anti-poussière sur le nez Anne-Laure tronçonne la pierre brute. Puis elle burine, martèle, cisaille cette ébauche, avant de la frotter, l’épousseter et la caresser à l’infini... Il faudra des semaines pour que surgisse de l’informe, une forteresse minérale mystérieusement émotive dans sa vivante immobilité. Un long chemin dans lequel Anne-Laure met toute sa patience.
La première rencontre avec la pierre s’est faite dans la carrière où elle est allée la chercher. Mais c’est dans son atelier, alors qu’elle fait éclore sa précédente création, qu’Anne-Laure commence à imaginer l’œuvre à venir, dans un lent apprivoisement. Forme, matière couleur, elle se nourrit de l’idée que la pierre brute lui murmure. Qui apprivoise qui ? Dans ce face à face, tendre et charnel, Anne-Laure cherche le cœur de la pierre. Est-ce lui qui lui souffle un nom ? Les dés sont joués. De la forme qu’elle entrevoit, nait le nom.
Ce baptême, guidera tout son travail d’artiste. Elle peut se lancer. Elle n’aura de cesse que de réveiller, de faire sourdre de cette solitude millénaire, l’âme qui l’attendait, peut-être depuis la création du monde. Qui sait ?
La pierre dicte sa loi. Cela dépasse l’artiste. Anne Laure doit prendre en compte ses nervures, percevoir ses singularités, desceller ses fragilités.
Pourtant cette veine si délicate s’avère souvent prodigieuse lorsqu’elle est respectée. Elle incarnera toute la particularité de l’œuvre, sera l’expression de son identité absolument unique. Et si la pierre casse malgré tout ? Il est très rare qu’Anne-Laure l’abandonne. La pierre lui dicte son chemin. Elle va contourner.
Anne-Laure joue avec la pierre pour donner tout son caractère à la sculpture. Elle lisse à l’infini ou laisse la terre brute telle que la nature l’a donnée. Elle ajoute de la feuille d’or pour ajouter de la lumière, ou affine la pierre pour mettre en avant sa transparence.
Anne-Laure façonne chacune de ses sculptures pour qu’elle soit source d’apaisement et qu’elle captive celui qui la contemplera.
Texte écrit par Agnès Balmont, journaliste.
OEUVRE DONNée
Embrace
42 x 26 x 10 cm
€3,500
Albâtre blanche - Taille directe sur pierre